Refus massif des deux initiatives populaires "pour l'avenir" et "pour un service citoyen"

La Jeunesse socialiste réunie à Berne le 30 novembre 2025 en attente des premiers résultats de l'initiative sur l'avenir. (KEYSTONE/Alessandro della Valle)

Les deux initiatives populaires soumises au peuple ce 30 novembre n’ont pas convaincu: l’introduction d’un service citoyen a été balayée par 84,1% des votants, et la mise en place d’un impôt sur les gros héritages pour financer la politique climatique par 78,3% des votants.

Les initiatives populaires sont rarement acceptées, mais l’ampleur du « non » interpelle : les deux objets du jour font partie des initiatives les plus massivement rejetées ces 25 dernières années. L’analyse de notre correspondante à Berne, Marie Vuilleumier :

L’initiative pour un service citoyen voulait soumettre tous les jeunes, filles et garçons, à un service au profit de la collectivité. L’idée était portée par un comité de la société civile, sans l’appui d’aucun grand parti.

Au contraire, la gauche, par exemple, a fustigé l’obligation faite aux femmes de devoir effectuer un service supplémentaire pour la société. La réaction de la conseillère nationale socialiste neuchâteloise Martine Docourt :

Dans le camp des partisans du service citoyen, on faisait grise mine, malgré la fierté d’avoir porté sur la place publique une nouvelle thématique de société. Qui n’a pas pris. La présidente du comité d’initiative pour le service citoyen Noémie Roten :

De son côté, l’initiative pour l’avenir lancée par la Jeunesse socialiste voulait introduire un impôt de 50% sur les successions de plus de 50 millions de francs. De l’argent qui devait être utilisé pour lutter contre la crise climatique de manière socialement juste.

Mais les conséquences potentielles de cette nouvelle taxe ont effrayé la population, estime Sidney Kamerzin, conseiller national du parti du Centre :

La Jeunesse socialiste a eu de la peine à mettre en avant l’argument climatique durant la campagne, face à des opposants focalisés sur les pertes fiscales et les conséquences économiques. Mais pour le vice-président de la Jeunesse socialiste, la répartition des richesses et le financement de la crise climatique sont des questions qui reviendront sur le devant de la scène. Julien Berthod :

Le taux de participation pour ces deux votations frôle les 43%.

Conseillers fédéraux ravis

Pour son premier passage devant le peuple lors d’une votation populaire, le ministre de la défense Martin Pfister a vécu un dimanche tranquille, avec un succès à 84,1%.

Aux yeux du conseiller fédéral, le rejet du service civil ne signifie ni l’absence d’envie des Suisses de s’engager pour la collectivité, ni la perspective d’avoir davantage de femmes dans l’armée. Martin Pfister.

L’idée de taxer les gros héritages pour financer la politique climatique ne convainc pas : le peuple a refusé à 78,3% l’initiative pour l’avenir. L’initiative soulevait notamment la question d’un partage plus équitable des richesses. Mais pour la ministre des finances, le système fiscal suisse est déjà axé sur le principe de répartition. Karin Keller-Sutter.

A plus de 8 sur 10, de manière uniforme dans tout le pays, les citoyens ont rejeté le projet de service citoyen. Comme l’initiative pour l’avenir des Jeunes socialistes, le texte était certainement trop contraignant.

Il n’empêche, l’engagement milicien des Suisses a pris un mauvais coup ce dimanche. C’est le commentaire de notre correspondant à Berne Serge Jubin.

/mv-sj