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Audition de la radio : les chiffres officiels confirment la nécessité de prolonger la diffusion FM

Les chiffres officiels de l’écoute de la radio en Suisse ont été publiés ce jeudi 10 juillet par Mediapulse. Ils montrent une légère érosion de 2% avec toutefois 93% d’auditeurs qui enclenchent leur radio au moins une fois par semaine. Le communiqué de Mediapulse n’évoque que superficiellement une évolution historique de l’écoute : l’arrêt de la FM par la SSR lui a coûté un quart de son auditoire. Cette chute est encore plus dramatique en Suisse romande avec une baisse de 19,3% pour La Première, 48,6% pour Espace 2 et 45,5% pour Couleur 3. Quant à elles, les radios régionales romandes ont gagné 13,4% et les radios françaises 15,9%. Au vu de ces résultats, les radios régionales romandes demandent des décisions urgentes, politiques et administratives, pour permettre aux radios privées d’émettre en FM au-delà de 2026.

Il n’est pas envisageable de fermer les yeux sur la chute d’audience de la RTS. La survie de plusieurs radios régionales dépend directement de la poursuite de la diffusion FM durant quelques années. Le Conseil fédéral a formulé en 2006 déjà une stratégie prévoyant la diffusion de la radio par des moyens digitaux. Sous la direction de l’OFCOM, les radios privées et publiques suisses ont élaboré un accord signé en 2026. En 2015, un rapport complet a été rédigé par les radios suisses afin de préciser les contours du passage au DAB+. A plusieurs reprises et sans remettre la digitalisation de la diffusion en cause, les radios privées ont fait part de leurs doutes quant à la date d’extinction de la actuellement fixée au 31 décembre 2026. Ces doutes ont été confirmés avec la publication des statistiques ce 10 juillet. Selon les chiffres Mediapulse, la RTS a perdu 23% de ses auditeurs. D’autre part, la perspective d’un retour des auditeurs perdus au 1 er trimestre ne s’est pas concrétisée au 2 e trimestre.


La SSR dont l’essentiel du financement est assuré par la redevance peut se permettre une chute de l’auditoire sans conséquences sur ses revenus. Pour les radios privées, une baisse de l’auditoire d’une telle dimension aurait des conséquences catastrophiques, en particulier sur la publicité qui dépend du nombre d’auditeurs. Il en résulterait des licenciements et des fermetures de stations.


Pour la Suisse romande et le Tessin, l’arrêt de la FM par la SSR a provoqué une autre conséquence : des dizaines de milliers d’auditeurs sont passés sur des chaînes françaises et italiennes. La SSR a perdu un quart de ses auditeurs en dépit d’une campagne de communication intense en automne 2024. Il est donc illusoire de penser qu’une nouvelle campagne suffira à convaincre les auditeurs suisses restés en FM. La seule autre mesure permettant de limiter les risques pour les radios régionales privées, c’est de leur accorder un délai supplémentaire pour l’arrêt de la FM. Ce délai permettra une évolution naturelle de l’auditoire dans trois domaines importants : le nombre d’automobiles équipes en DAB+, l’équipement des ménages et la transition de plus en plus rapide des stations étrangères voisines de la Suisse vers le DAB+.


II n’est pas dans l’intérêt des radios privées de poursuivre indéfiniment la double diffusion FM et DAB+. Elles arrêteront la FM dès que possible. Elles ont fait leurs calculs et les risques liés à l’arrêt de la FM sont plus importants que l’économie réalisée par l’arrêt de la FM.


L’introduction du DAB+ a permis d’atteindre l’objectif de diversification du paysage de la radio en Suisse. Une étude de l’Université de Neuchâtel publiée en 2023 montre que le nombre de stations diffusés par des moyens hertziens terrestres a quadruplé. L’avenir de la diffusion de la radio est donc numérique, mais les directives de la Confédération ne doivent pas pousser à la disparition délibérément provoquée de radios régionales. Un délai supplémentaire doit être consenti à ces médias qui jouent un rôle essentiel de service public régional dans notre pays basé sur la démocratie directe dans les communes et les cantons.


La SSR a arrêté ses émetteurs prématurément pour des raisons économiques. Si les radios privées sont prêtes à poursuivre la double diffusion pendant quelques années, il n’y a pas de raison de les en empêcher. Cela ne coûtera rien aux contribuables ni à la Confédération. La politique des médias suisses doit permettre une telle distinction qui préserve les intérêts de chaque média.